Structure recherche

Présentation

 Le Centre d’Etudes des Transformations des Activités Physiques et Sportives (CETAPS) est une unité de recherche pluridisciplinaire labellisée équipe d’accueil (EA 3832) depuis 2004. L’Unité est composée actuellement de 33 EC titulaires (dont 2 PUPH), 1 PREM, 31 doctorants, 3 ATER, 2 ATEN, 20 membres associés, 1 poste contractuel de gestion financière, 1 poste contractuel de secrétariat, ½ poste d’informaticien, ½ poste audiovisuel. Au cours du mandat, l’unité de recherche a connu un renouvellement de 50% de ses membres (3 départs en retraite, 2 mutations, 2 rattachement de PUPH, 8 EC externes recrutés, gestion financière et secrétariat renouvelés). S’y côtoient plusieurs disciplines scientifiques visant à éclairer les transformations des APS : physiologie, psychologie, biomécanique, sciences de gestion, management, histoire, sociologie...
Statutairement le CETAPS est lié à l’UFR STAPS et au SUAPS, afin de maintenir un ancrage dans les activités physiques et sportives. Ces statuts permettent également de placer l’unité dans un fonctionnement solidaire (équipements, locaux, consommables, budget d’aide à la recherche dédié aux doctorants), de renforcer une articulation de la recherche et des formations (4 masters et 6 parcours, des enseignements transversaux et des stagiaires recherche), d’opérer des mutualisations d’information et de fonctionnement (commission des finances, lettre fil-info, invitations réciproques UFR/Labo, équipement à vocation pédagogique et recherche).
L’ensemble des membres du laboratoire (à l’exception du PR. C. Tourny et du Dr. F. Lemaitre situés dans le bâtiment pédagogie à côté de leur espace d’expérimentation) est localisé au CETAPS (Bâtiment 32). L’unité dispose de bureaux mutualisés pour les EC (3 en moyenne par open space), de deux salles équipées pour les doctorants/ATER/stagiaires/associés, d’une salle d’expérimentation compartimentée en 3 boxes, d’une salle d’archives, d’une salle de stockage du matériel expérimental. Deux photocopieurs (imprimante/scanners) sont mis en réseau (1 par étage).

 

PROJET DE LABORATOIRE CETAPS U.R.3832

Projet du mandat en cours : l’écologie du sport
Pour le mandat 2015-2020, le CETAPS a élaboré un programme de recherche autour des écologies des APSA. Il se poursuit dans le cadre du mandat en cours (2021-2027).
Les transformations des APSA qu’ont examiné les chercheurs du CETAPS depuis près de 20 ans mettent en avant des processus écologiques : les efficiences du mouvement humain, les contextes d’expertises, la dimension sensible des pratiques corporelles, la régulation des flux sportifs, les images du sport et leur dimension symbolique… Ces questions traversent le renouvellement des APSA à travers des objets privilégiés par les chercheurs du CETAPS : la naturalisation et la culturalisation des loisirs sportifs, la sanitarisation de l’activité physique adaptée et du sport santé, les transfigurations de l’activité motrice et de ses contextes de performance et d’apprentissage, les ajustements et repositionnements des organisations sportives. Ces objets articulent la production originale de données au sein du CETAPS à travers des enquêtes sociologiques et ethnographiques (les pratiques culturelles dans la Métropole de Rouen, les loisirs sportifs), à travers des tests physiques combinés à des questionnaires psychologiques (qualité de vie étudiante), via l’analyse de données économiques (stades et piscines), ou par l’acquisition in situ de données perceptivo motrices (tracking, capteurs de mouvement…) et de données physiologiques (Metamax, NIRS, Zéphyr, GPS…).
Nous avons proposé de réunir ces introspections dans un cadrage décloisonnant les disciplines scientifiques et renforçant l’interdisciplinarité. C’est là l’ambition d’une écologie du sport. Cette dernière renvoie à trois formes paradigmatiques d’écologies identifiées et labellisées au CETAPS.
Ce programme a servi de socle commun aux membres du CETAPS. Il a permis aux EC de se situer dans des collectifs, notamment en délimitant des objets regroupés par milieux. Quatre grands « milieux » ont ainsi été caractérisés et permis de faire évoluer les synergies au sein du laboratoire au fil des recrutements, mutations et départs à la retraite. Les chercheurs en sociologie et histoire ont ainsi pu se retrouver majoritairement autour de l’analyse des milieux urbains et naturels, tout comme les chercheurs en économie, marketing et gestion. Les travaux sur les équipements sportifs, les pratiques culturelles, les loisirs sportifs ont trouvé ici un ancrage cohérent. Les chercheurs en physiologie de l’exercice et en psychologie ont poursuivi leur travail sur les milieux experts et ont ouvert des perspectives sur les milieux virtuels. Les objets d’études se sont étendus aux questions posées par le sport santé, mais aussi aux big data notamment en lien avec le master EOPS.
La structuration du projet depuis 2015 autour de l’écologie du sport a donné lieu à un bilan de publications qui démontre l’impact de la démarche amorcée collectivement.

Bilan et objectifs

Bilan sur les paradigmes
L’écologie environnementale
Le Cetaps fait partie de la FR 3730 CNRS SCALE, issue du Grand Réseau de Recherche en environnement et de programmes de recherches tels que Seine-Aval (https://www.seine-aval.fr/). Ce réseau pose comme enjeu : « l’acquisition de connaissances scientifiques sur le fonctionnement environnemental de l’estuaire de la Seine » ; et d’inscrire les études dans les problématiques « développement durable, changement planétaire et écosystème », et s’intègrent dans la zone atelier (ZA) Seine.
Ce paradigme a été mobilisé pour mieux comprendre les dynamiques des loisirs sportifs. Ainsi les questions d’habitat de loisir et d’habiter par les loisirs sportifs ont fait l’objet d’un séminaire franco-canadien préparatoire à la publication du volume 41 de la revue Leisure intitulé « Leisure & Dwelling » discutant les conceptions utilisées par Martin Heidegger jusqu’à celles de Tim Ingold. Elles permettent aux chercheurs du Cetaps de développer des collaborations avec des sociologues et géographes de l’UMR IDEES à l’Université du Havre (dépôt de projet RIN) ou avec l’association Echelle Inconnue à Rouen autour de l’habitat mobile et temporaire. Cette dimension est également questionnée par le degré de liberté des loisirs confrontés à des espaces naturels protégés et à des espaces culturels réglementés. Elle a donné lieu à la direction du numéro 3 de la revue Nature et Récréation intitulé « La dimension rétropossessive du sauvage », et du numéro 153 de la Revue 303 intitulé « Sauvage » approfondissant les travaux anthropologiques de C. Lévi-Strauss à P. Descola.
La seconde investigation de l’écologie environnementale par les chercheurs du Cetaps porte sur la remise en nature des espaces anthropisés, et des aménités sociales. De ce point de vue le laboratoire a été sollicité comme expert pour questionner les perspectives de reconquête sociale de friches naturelles et urbaines, et d’implication des publics en vue de telles opérations. Dans la lignée des travaux de R. Stebbins sur les Serious Leisure Perspective, nous avons pu montrer comment de nouvelles communautés d’acteurs passionnés émergent et renouvellent les formes de participations écologiques. Ces dernières font pression sur les aménités proposées sous forme de services de loisirs aux habitants que nous avons présentés dans un ouvrage intitulé « Reclaiming and Rewilding River Cities for Outdoor Recreation », qui a été publié chez Springer, book series Estuaries of the World.
Enfin, le concept d’écosystème est utilisé méthodologiquement pour comprendre les logiques d’aménagements et d’équipements sportifs. La thèse de Jérémy Moulard sur les stades au sein de l’écosystème d’affaires du football français s’inscrit dans cette perspective. Elle s’appuie notamment sur les travaux de Edouard & Gratacap (2010) qui notent que « l’approche par les écosystèmes d’affaires fait de la théorie écologique un cadre d’analyse pertinent des phénomènes stratégiques et organisationnels (…). L’assimilation de la stratégie à l’écologie, et l’importation des concepts d’écosystème, de cycle de vie, de coévolution (…), traduisent la volonté d’importer un schéma interprétatif ayant déjà fait la preuve de sa pertinence et de sa cohérence théorique dans d’autres champs scientifiques. L’approche par les écosystèmes d’affaires respecte donc la conception analytique de l’approche évolutionniste ».
Pendant longtemps l’idée de collaboration entre les firmes était culturellement choquante « parce qu’elle mettait en cause le postulat d’indépendance de la firme qui était au coeur des représentations managériales dominantes ». Cet obstacle épistémologique levé, la notion d’écosystème d’affaires fourni un cadre pertinent pour l’analyse concurrentielle entre acteurs à la fois hétérogènes et en interactions complexes (Koenig, 2012). La notion permet de faire émerger des entités relationnelles qui ne correspondent ni au concept d’industrie ni à celui de filière.
La dynamique écologique
La dynamique écologique puise ses fondements dans les sciences de la complexité (Atlan, 1979; Morin, 2005; Prigogine, 1994; Prigogine & Stengers, 1979; Varela, 1989) et propose un cadre pluridisciplinaire alliant entre autre la théorie de systèmes dynamiques en physique et mathématique (e.g. Haken, 1983, 2003; Kelso & Engström, 2006), la psychologie écologique (Gibson, 1979), la psychologie enactive (Varela, 1989), l’approche système complexe en neurobiologie et neuroanatomie (Edelman & Gally, 2001; Price & Friston, 2002; Whitacre & Bender, 2010).
Dans ce cadre théorique, un des objets de recherche des membres du CETAPS est d’établir un diagnostic des stratégies d’adaptation des habiletés sensori-motrices des individus dans un environnement contraignant (e.g., un déplacement à la verticale sur une voie d’escalade pour des pompiers et des sportifs ; un déplacement dans l’eau pour des nageurs, un déplacement sur la glace pour des hockeyeurs, un tir à l’arc pour des individus mal voyant) et d’investiguer la dynamique de ce comportement quand la nature ou le niveau de contrainte évolue. Divers travaux du CETAPS ont exploré par exemple le poids de contraintes ou perturbations temporaires sur l’exploration, la déstabilisation/réorganisation du système sensori-moteur lors de tâche de régulation posturale en gymnastique (Thouvarecq & Leroy, 2011), de locomotion aquatique (Komar et al., 2015 ; Schnitzler et al., 2011 ; Seifert et al., 2014) et en escalade (Seifert et al., 2014, 2013). Cette démarche permet d’approfondir la connaissance des mécanismes d’adaptation en termes de stabilité (e.g., régularité, stationnarité, récurrence) et de flexibilité des habiletés sensorimotrices (Davids et al., 2006 ; Newell et al., 2006 ; Riley and Turvey, 2002; Seifert et al., 2014, 2013). Comme évoqué précédemment, cette démarche a des applications pratiques variées (santé, sport, ergonomie cognitive, aménagement des espaces de loisirs et sportifs) qui peuvent permettre d’étudier le comportement des individus dans d’autres types d’environnements contraignants (e.g., se déplacer sur une surface instable ou apportant des perturbations). Ces travaux sur l’expertise nous ont aussi amené à repenser l’enseignement des activités physiques et sportives et la pédagogie utilisée. Nous postulons plutôt pour une pédagogie non linéaire (Chow et al., 2006) où prescription est remplacée par proscription (i.e. ouvrir des possibilités d’action tout en limitant certains choix d’actions) ; c’est à dire qu’on proscrit la coordination motrice initiale (qui nous semble inappropriée) en déstabilisant le comportement par la manipulation d’un ensemble de contraintes afin de faire émerger et stabiliser une nouvelle coordination motrice. Cette pédagogie est dite non-linéaire car il n’y a pas forcément une relation proportionnelle entre les causes (les consignes données par l’entraîneur ou l’enseignant) et les conséquences (la réponse comportementale des apprenants). Au contraire, l’intervention est vue comme un processus interactif, un couplage circulaire où l’entraineur guide l’apprenant en réduisant l’étendue des possibles, par exemple en donnant des instructions verbales globales (telles que des analogies – sortes de métaphores biomécaniques) qui laissent une relative liberté d’exploration aux apprenants pour produire la réponse (pour un exemple de l’apprentissage de la glisse en brasse, voir Komar et al., 2014). L’entraîneur peut aussi modifier artificiellement l’environnement (e.g., en natation, tracter ou retenir le nageur avec un élastique, utiliser des plaquettes ou palmes pour faire ressentir les résistances à l’avancement / l’hydrodynamisme), ou encore manipuler les contraintes de tâche (imposer une fréquence gestuelle par un métronome) pour imposer le but de la tâche (poser un problème) sans indiquer comment faire (donner la solution). En conclusion, l’intérêt d’une pédagogie non linéaire serait de fournir une information ou de manipuler une contrainte qui permettrait de canaliser plus ou moins l’exploration de la coordination motrice à apprendre, en proposant des espaces d’actions encouragées.
Au cours du contrat quinquennal cette approche a fait l’objet de nombreuses publications dont les ouvrages The science of climbing and mountaineering (Routledge, 2016) et Dynamic of Skill Acquisition : an ecological dynamics approach (Human Kinetics, 2020). On peut y ajouter les thèses discutant cette approche écologique de B. Guignard, D. Simbana, A. Silva (natation), F. Mell (hockey sur glace), L. Wattebled, A. Walsh et D. Orth (escalade).
Par ailleurs, la fin du quinquennal a aussi été marquée par l’articulation de la dynamique écologique avec le paradigme de l’énaction lui-même ancré dans les sciences de la complexité (Stewart, Gapenne, Paolo, & Di Paolo, 2010; Varela, 1989; Varela, Thompson, & Rosch, 1991), et proposant une articulation des approches en première et troisième personne (Lutz & Thompson, 2003; Theureau, 2015; Varela & Shear, 1999). Le CETAPS a contribué à ces développements épistémiques, qui associent également des enjeux méthodologiques, en s’intéressant à l’activité des acteurs en contextes (e.g. action située) à travers l’analyse de données d’expérience articulées avec des données comportementales. Cela a donné lieu à plusieurs publications (e.g. Gal-Petitfaux, Adé, Poizat, & Seifert, 2013; Seifert, Adé, Saury, Bourbousson, & Thouvarecq, 2016; Seifert et al., 2017, 2014), et projets de recherche (ANR DynACEV) et thèse (C. Jourand en course d’orientation, N. Rochat en trail-running).
L’écologie corporelle
Le Cetaps a été un membre actif du GDRI 836 CNRS : l’écologie corporelle dans les activités physiques, adaptées et sportives (ECAPAS) entre 2015 et 2018. Les séries de colloques internationaux à Paris, au Pradel, à Prague, à Swansea ont permis de formaliser un nouveau champ de recherches visant à saisir en quoi consiste habiter son corps. Ce questionnement a été travaillé en particulier autour de la notion d’éveil développée par la deep ecology et son fondateur Arne Naess. Ainsi, la marche, l’alpinisme, le yoga, le surf, l’apnée, la danse de la nature ou encore les activités circassiennes procèdent de l’émersion d’un milieu intérieur souvent théorisé dans la quête de sensations et de frissons, l’exploration de limites physiques et psychiques ou le renversement du monde intelligible vers le monde sensible. Ce programme a donné lieu à la publication d’un ouvrage intitulé Body Ecology and Emersive Leisure aux éditions Routledge, ainsi qu’au numéro 15 intitulé Ecologies corporelles de la revue Corps aux éditions CNRS. Plusieurs articles dans des revues internationales ont approfondis différentes perspectives (Loisir et Société, AUC Kinanthropologica, Im@go. A journal of the social imaginary, Sociétés, The Senses & Society).
Le renouveau observé des pratiques physiques, dans le contexte du développement durable et du sport santé, est publié dans la collection Ecologies corporelles et environnements sportifs que nous dirigeons aux PURH et qui comptabilise 6 volumes publiés depuis sa création en 2015. Les arts de la revue et le renouveau du cirque font partie des objets spécifiques dont s’est saisi le Cetaps avec la publication de l’ouvrage Danser la rue qui rassemble les chercheurs francophones et britanniques sur la danse et les arts de la rue aux PURH, ou encore les deux volumes Arts du cirque et spectacle vivant aux éditions Epure. L’analyse des trajectoires de sportifs de Haut Niveau par leurs histoires de peau (cf. Thèse de F. Laval) propose de nouvelles pistes méthodologiques dans le questionnement des pratiques sportives. L’exploration des techniques immersives propres aux esport et aux loisirs numériques a été impulsée en cours de mandat avec trois thèses consacrées au transmédia (T. Girardin), aux sports de combats réels et virtuels (R. Delory), au e-sport en EPS (J. Volcov).
Enfin un programme historique qui consiste à mettre en perspective les Pionniers de l’éveil a été finalisé par la publication du numéro 29 des Cahiers d’histoire culturelle intitulé « Monte Verità. Communautés d’expériences du corps et de retour à la nature ». Cette perspective a été développée dans la thèse d’I. Raça en questionnant l’histoire de la marche nordique, ainsi que dans celle d’I. Namèche consacrée aux soeurs Duncan. On peut mesurer à travers ces travaux qu’à côté des logiques extériorisées de performance et de compétition, les activités physiques ont aussi été pensées comme la sollicitation d’un milieu intérieur.
Cette dernière perspective rejoint la démarche des travaux pratiqués en physiologie de l’activité physique au Cetaps en se focalisant sur les relations homme/milieu hors modèle animal. L’exploration de mécanismes d’adaptation à l’effort et de réflexes innés (apnée par exemple) participent à une écologie physiologique situant le corps sportif (soma) dans un tout.

Bilan de la production scientifique relative aux approches écologiques
Devenu axe transversal du laboratoire servant de ciment aux 4 axes thématiques, le bilan de la production spécifique à l’écologie du sport fait état de :
-  13 thèses soutenues (Laval, Bellenger, Lepillé, Moulard, Guignard, Rochat, Mell, Wattebled, Orth, Baillet, Simbana, Silva, Walsh)
- 1 HDR soutenue (Claeys)
- La direction de quatre ouvrages (Human Kinetics 2020, Springer 2020, Routledge 2016 & 2018)
- 15 ACL
- 5 ACLN
- 5 numéros de revues (Corps, 303, Nature et récréation, Leisure, Cahiers d’histoire culturelle)
- 25 communications
- 5 colloques et journées d’étude
- De plusieurs projets de recherche (ANR Dynacev, 2 contrats Seine Aval, 1 RIN, 1 contrat Fondation de France)
- L’appartenance du laboratoire pendant 4 ans au GDRI CNRS 836 ECAPAS